Poésie

6

1

A chaque souffle baigné de flamme,
rouge la cendre, rouge la neige,
une tempête de moissons.

Où tes seins pierres dans ces lilas
pétris de lune ?
En eux vacillent nos migrations.
Règne nageant sur un corps nu,
et tout notre or et notre ciel entre tes hanches
descellées.
Retentissez murailles noires,
la bougie s’est éteinte.

2

Lampe réticente de la source
qui bats devant ta porte,
O ma sibylle, O mes fougères,
n’écartez pas le vent ruisseau qui peut se taire
mal embrassé,
il veut entrer dans cet unique pour éclairer
son double corps.

Tu n’es ni ville ni colline
tu n’es pas seins brisés dans mes paumes
tu n’es pas jambes tu n’es pas cœur
tu n’es pas chair de mon miroir.
Que ta voix s’ouvre,
que me construisent tes années vierges, tresse
mon gouffre.
Je veux entrer dans ce miroir.

3

Neige brûlante
si demandée par tes chemins,
toison d’emprise,
elle veut entrer os de mes os et de son miel faire
mon vin.

Faisons lui don de nos agneaux,
amoureuse caressante succombant à nos flocons.
Nous nous sommes aimés dans les vignes.
Nous avons cueilli les trèfles d’or dans le carillon
des hirondelles.
Mais là, c’est noir je suis l’ouvert,
et je titube
dans cette ivresse.
Nos langues piétinent les acacias,
fais-moi nager au bleu du noir.
Noie le porche de mes cheveux blancs
dans ton sang
dénudé.

4

O bain savant, effluve sombre,
chardon de sable capricieux
porte fermée.
Moi, j’agonise. J’effraie les roses,
j’appelle les anges.
Je blasphème la rue de son temple.
Je suis cercueil.
Mon œil ne parle pas vrai dans l’étreinte.
Lumière du soir laisse-moi jeter ton or
dans cette eau étrangère.

                                                      (Sanctuaire)