Poésie

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Dugas

Le dindshenchas dit la nouvelle :

« Somnambule tu donnes à boire.
Où ne luit pas l’idole sombre qui prosterna nos
cartilages,
tu es semblable à la licorne qui pleure
obscure et s’assassine.
« O ville morte quand tu t’enfermes,
vierge royale. »

Aux avirons, esprits errants, je suis le sang de ce
rocher.
Tout est conquête où jouit ce lait, le berger a
son bouclier.

Ce feu secret m’est délivrance.

La Cèze

Tu fus cascade, tu fus sillage.
Où je naquis tu fus la flamme et la
lumière
des siècles altiers qui m’inondèrent.
Vent, tu fus ailes.
Et les ancêtres, statues en nous ?
De longues vagues insectionnables.
Le ciel me fane où je village mais
à brassées de flammes vives,
quand je retrouve ton eau régnante,
tous mes désirs ensevelis vont
dansant leur pas de
licorne.

Allègre

Je t’ai choisie mon impalpable pour ce mariage,
notre miroir,
tu m’as choisi.
Si noble fille, la plus aimée,
la reverdie aux souliers de mai.
Aumônière d’amour occitane en nulle part ni près
ni loin,
quand debout, tremblant sur la terre,
je bois au cœur de ton calice la parole des sept
tonnerres.

                                                      (Pêcheur d’aigles)