Poésie

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Fenêtre ouverte. Pruniers en fleurs.
Bruit d’une averse qui s’achève.
Dégénérés, de siècle en siècle,
à genoux sur des ombres arides,
les auditoires graisseux ferraillent avec
leurs chefs.
Blasphèmes, gouffres d’ignorances.
Que de passés fertiles sacrifiés !
Le vent file en riant.
Le soleil essouflé chavire.

Que de siècles à franchir avant de
naître à l’essentiel.
Bonjour Nicolas de Cues.
Croyances en char vers l’inconnu.
A travers Zeus, ce jour,
une violette fanée dans ses pages reformule
des clameurs futiles.
La lecture est un miroir soûl.

Les réponses aux sources du passé,
c’est le futur en chœur qui les donne.
Je me souviens de cette terrasse sous les tilleuls
remplie d’iris.
Quand la maison s’ouvrira-t-elle ?
Même disparu, je reverrai sa treille fleurie,
ses volets encore entrouverts.
Rationalisme ? Idéalisme ? Des utopies.

Il est rare ce coin de campagne
où depuis notre enfance rien n’a changé.
Les autres prés n’existent plus. Les deux maisons
qui le bordaient sont démolies.
Lui est intact. Une lune blanche en ce
moment accroît son charme.
Arrêté près de l’eau, le Temps.
Croisant les bras, penchée sur elle,
il désaltère ses convoitises.
Un oiseau le contemple, hirsute.

                                                      (Le Lai des Etoiles Sombres)