Impressions

Chemins brisés d’Henri Enu pour enlacer ses transparences.

6

Les rotatives sont à l’arrêt. L’heure est

en panne.

Dressé debout sur plusieurs siècles,

Henri feuillette une revue.

Il est galerie, royaume, nature,

engagé et désengagé. Il est la ville

qui se bâtit et en même temps il est

le vide qui nous observe.

Un fluide solide vibrant de flammes

obsessionnelles,

peut-être mystiques

parcourt l’espace devant ses pas.

Une porte s’entrouvre et se referme. On ne sait

pas qui veut entrer. Ou qui pénètre.

Ou qui s’éloigne.

Peut-être un peintre du Moyen-Age ou un

sculpteur de règnes brisés.

Peut-être une femme. Un grand amour

sans références.

La pluie rayonne par les plafonds. Ou c’est

la neige qui nous rappelle que l’ordre

des choses

est un désordre irrationnel,

un visage fourbe aux codes cendreux.

Henri s’avance et se rasseoit.

Beaucoup de ciels assiègent ses ombres,

beaucoup de peuples, de continents.

Il pense, sourit. Il suit des yeux les

résonnances incinérées dans le rouage

des origines de toutes choses.

Que de reflets évocateurs et insondables !

Sur une toile le long d’un mur,

s’avance une rue. Est-ce la Vie ? Est-ce le rêve ?

La fraîcheur d’une empreinte future ?

Toute résidence se dérobe.