
Du virtuel au réel
En peignant les lettrines de l’Apocalypse, un jeune moine allemand Hénoch découvre qu’il a le don de faire vivre les images. Réchappé miraculeusement de l’incendie criminel de son monastère, il rencontre dans l’hôpital où il est soigné un blessé du nom d’Hacha (surnom d’Hitler) qui, désireux d’entrer à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne pour devenir artiste-peintre, lui demande quelques cours. Saisissant l’intérêt que représente l’imagerie animée de ce moine pour la réussite de leur projet politique, Hacha et ses disciples le poussent à créer la structure victorieuse d’un héros, futur dirigeant de la Cité divine. Le moine refuse. Cette Cité serait satanique. Dans l’espoir de le discréditer définitivement aux yeux de tous, il fait donc du héros une peinture sarcastique et grotesque. Mais joue-t-on avec les formes obscures et rampantes d’une ambition quelle qu’elle soit ?
Fiction romanesque née d’abord d’une imagination et d’intuitions purement littéraires, nourrie ensuite de nombreux documents historiques mettant en valeur les aspects juridiques, politiques, philosophiques et religieux du nazisme, elle n’a voulu éliminer aucune interprétation dérangeante, aucune révélation troublante ou inattendue.
La proximité de monstres sanguinaires et sadiques dans l’univers quotidien du narrateur est à rapprocher des théories de l’inséparation ou de l’altéricide dans lesquelles baigne résolument notre époque.