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Une dramatique transparence

    Les grands artistes et créateurs de chaque siècle ont-ils prescience des forces latentes qui nous menacent et investissent notre regard avant d’œuvrer au cœur de l’être pour s’emparer de notre monde ?

    Ont-ils un pas dans le futur ? Sont-ils l’écho d’un vide obscur et menaçant qui bien qu’absent du quotidien nous enveloppe en profondeur ?

    Quand l’ombre s’étend autour de nous, qu’elle nous épèle les pires actions déjà en route mais que personne encore ne voit, d’où vient cette ombre ? De quelle époque ?  L’historien a des dates précises. Les frontières pour lui sont tangibles. Mais pour l’artiste ? Rien d’aussi net, d’aussi tranché. A travers lui, causalité et improbable vont du même pas, main dans la main, d’un siècle à l’autre.

    Einstein a dit : « Passé, présent et avenir n’existent pas. Seule l’illusion leur donne un sens. »

    L’artiste aussi peut écrire ça. Il peut l’écrire car l’a-venir est déjà là sous son regard ; un temps présent toujours présent, même si c’est flou, non défini selon les normes du quotidien. Même l’entropie qui pousse les formes à se détruire, à exalter les molécules dans une chute irréversible est pour l’artiste une illusion. Comme Démosthène écoute Platon au pied d’un arbre dans les jardins d’Academus, Louis XI est là rencontrant Jeanne, ou devant nous, dans son éclat intemporel, le sac de Rome en 410 avec ses meurtres et ses pillages. Les faits sont là, toujours vivants. Rien ne s’efface.

    Prenons l’époque contemporaine car c’est elle qui nous intéresse. Ce sont les jours que nous vivons et dont on croit qu’ils sont nouveaux, qu’ils sont la suite de précédents bien différents.

    Époque nouvelle ? Vraiment nouvelle ? D’une autre nature que par exemple celle des deux guerres ?

    Foucault en parle, Deleuze aussi, comme « de contrôle ». A de vieilles sociétés finies, des sociétés dites « souveraines », celles par exemple de 1600, de 1700, ont succédé des sociétés « disciplinaires », des sociétés d’enfermement (casernes, usines, écoles, prisons, hôpitaux) puis, aujourd’hui, une société d’individus moins enfermés entre des murs, une société dite de « contrôle », car contrôlée en permanence. Une société, comme dit Deleuze citant Burroughs où « on n’en finit jamais avec rien ».

    « La signature remplace le chiffre, le mot de passe qui nous attache ou qui nous livre aux tyrannies bureaucratiques nous entraînant vers l’entreprise. Une bien plus grande mobilité, un espace-temps bien plus ouvert que sous le règne de l’industrie, mais une plus grande coercition, un contrôle continu des êtres au sein même de leur existence. »

    Or qu’il y ait aujourd’hui contrôle – un contrôle continu de tous – qui pourrait le nier ? On le retrouve partout, sans réserve. Mais plutôt que d’un strict « contrôle » qui me paraît très restrictif, je voudrais parler de « fascisme » ; d’une société fasciste en tous points, post-fasciste si vous préférez, me référant à ce qu’elle fut dès le début du vingtième siècle, aussi bien en Russie, Allemagne, qu’en Italie mussolinienne.

    Juste une nuance à ce propos. La tyrannie en Grèce antique (Gygès, Hippias, etc.), n’est pas la même que sous Pol Pot ou sous Mao. On parle pourtant de tyrannie. Il en va de même du fascisme. Ce mot recouvre des sens multiples. D’un même tronc partent plusieurs branches, toutes différentes mais de même sève.

    « Fascisme » certes est un mot récent. Mais de quand date son contenu ? Ce qu’il évoque ? A quelle époque prend-il naissance ? Lorsqu’Hitler s’empare du pouvoir ? Au putsch manqué du 8 novembre, lorsque Lossow, Kahr et Seisser veulent instaurer une dictature en souhaitant marcher sur Berlin ? Quand Benito Mussolini, en 1919, instaure ses groupes militaires embrigadant ses groupes sociaux ou ses faisceaux en vue d’un homme qu’il souhaite créer – un homme nouveau, l’homme de demain ?

    Non, bien avant.

    Si l’on applique au mot « fascisme », les qualificatifs communs qui conviennent : une négation de l’individu soi-disant pour le rendre fort, une gouvernance souhaitée mondiale remettant en cause les Lumières et la démocratie (un monde socio-économique où l’homme en fait est un objet), un impérialisme forcené au service d’un parti unique (les autres formes de pouvoir étant jugées réactionnaires), qu’on se penche sur l’œuvre de Bismarck. Sur la volonté de puissance, sur le désir constant, impérial, des souverains prussiens de développer un État fort, une armée forte et supérieure. Qu’on repense à cette Prusse sévère, cette Prusse brutale et conquérante dont Mirabeau disait déjà qu’elle était une puissance guerrière, « une armée possédant un État. »

    Orgueil d’une race de conquérants, mépris d’autrui, certitude d’être élu par Dieu pour l’établissement d’une œuvre impérieuse, d’un Reich fier et dominateur où tous les coups d’éclat sont permis, une ambition sans nulle limite hors l’héritage des Lumières, poursuite tenace d’un Lebensraum (espace vital) effaçant les frontières voisines :  les traits sont là, déjà fixés.

    Prenons de même le sort des Juifs, en Allemagne. De quand la haine qui les rejette, les ostracise ? Des lois racistes de Nuremberg ? Des cris d’Hitler sur les estrades de la Bavière ? De sa gestuelle hystérique sur fond de crise économique et de sanglants désordres politiques ?

    Quand débute la seconde grande guerre ? Lorsque l’Anschlussest proclamé, le 13 mars 1938 ?  A l’invasion de la Pologne ?

    Une certitude : avant d’œuvrer au sein des hommes, les catastrophes flottent dans l’air. Elles se pavanent distraitement et si la vie poursuit son œuvre apparemment sans changement, les esprits clairs, souvent lucides, dont les artistes, pressentent les formes épouvantables qu’elles vont offrir sans se gêner. Leurs ombres les frôlent neutres et limpides en déployant au-dessus d’eux le sens tragique de leur présence.

    Pour ce qui est de ce nazisme, de ce monde sombre et agressif orchestré par des haines violentes, l’expressionnisme n’en est-il pas une bonne esquisse ? Qu’on revoie Munch, Éric Heckel ! Qu’on voie les œuvres d’Egon Schiele, Otto Mueller, Ludwig Kirchner. Que traduisent-elles ? Une sombre angoisse presque palpable ; un monde d’ombres désordonnées où pessimisme, craintes, désarrois, regard crispés, villages tordus comme crucifiés, lignes émaciées souvent diaphanes, agressent l’œil, le terrorisent. Un monde sourd aux angles morts hurlant partout. Nous ne sommes plus dans l’art de Rembrandt entre l’éclat et les ténèbres, ruissellement inépuisable d’éternité et d’absolu d’une vie toujours renaissante ; ou dans l’oeil fervent de Vermeer. Les paysages qui glorifiaient notre regard, les courbes de femmes ou de forêts se déployant comme des hommages ont disparu. Plus de Millet ou de Corot. Ferveur des soirs et des matins ? Splendeur des rues ou des visages ? Bonheur de vivre ? Plus aucune paix, nulle harmonie. Toute perspective est biscornue, l’angoisse affleure des volumes fauves et inflexibles agressivement tassés sur eux-mêmes. Les visages ressemblent à des crânes, tout crie la haine ; la haine de soi, la haine d’autrui. Tout se violente en s’aspergeant d’angles brutaux aussi féroces que destructeurs. Un monde aveugle, totalitaire, qui embrigade, qui élimine, une information bégayante carillonnant la lutte des formes, un dévouement sauvage au désastre.

    Et bien avant l’expressionnisme qui brutalise le chant d’un monde conservateur aux racines ancrées dans l’Histoire, la Terreur française de 1793, la volonté d’éradiquer les hiérarchies, d’enterrer les forces du passé, de proclamer un nouvel ordre sans religion, sans lois réelles, une tyrannie expéditive où chacun devient un suspect, où toutes les lois qui régissaient la vie humaine sont abolies, sont dénigrées au profit d’une violence aveugle, une politique dévastatrice qui viole, massacre, place la terreur à l’ordre du jour, suspecte les tièdes et impartiaux de crimes horribles et aussitôt les guillotine sans jugement, ne sont-elles pas le spectre obscur bien qu’implacable d’une présence dramatique et sombre à tous les angles du devenir ?

    Ce terrorisme de la pensée : du vingtième siècle uniquement ? De Lénine et Staline ? D’Adolf Hitler ? Bien-sûr que non !

    Le premier août 93, que planifie la Convention, qu’impose-t-elle avec violence sinon le crime, l’assassinat, le génocide de tout le peuple des Chouans, femmes et enfants, vieillards, bébés ? Déjà les fours, déjà le viol, une politique de terre brûlée… Une implacable et ténébreuse répression où l’on fusille, où l’on éventre, on décapite.

Rappelant ces faits dramatiques, Hitler dira : « Qui s’en est plaint chez les Français ? Quels citoyens s’en sont émus ? Quand nous ferons pareil sur nos terres, qui osera nous condamner ? » Staline saura s’en inspirer.  Les « jeunes-Turcs » également.

    Les futurs camps et les pogroms sont déjà là, bénis de tous.

    Et maintenant, comme prescience de ce fascisme en filigrane à l’œuvre partout sous notre ciel, voyons « l’Ange bleu » de Von Sternberg, Der blaue Engel (1930)

    Comment le lire ? Le déchiffrer ?

    Le professeur dont c’est l’histoire (une histoire librement adaptée du roman de Heinrich Mann : Professor Unrat oder Das Ende Eines Tyrannen publié en 1905), se nomme simplement Rath. Professor Immanuel Rath.

    Unrat en langue allemande, un mot que les élèves associent immanquablement à leur professeur, a la signification de « déchets, ordures. » Le professeur « déchets ». Ou encore par homonymie : le professeur « Rat ».

    Que tout semble mort autour de lui ! Le petit port aux rues gothiques ; ruelles, maisons, le carillon qui sonne les heures, le cabaret mélancolique, les clowns hagards, tout semble fini, sans avenir. Quand les apôtres d’un vieux beffroi sonnent huit heures, tous grimaçants, ne semblent-ils pas tuer le temps, le traîner avec eux dans l’ombre ? Et l’inscription du Gymnasium « Ora et Labora » (prie et travaille), que traduit-elle ? Est-elle encore à l’ordre du jour ? Tout paraît être d’une autre époque, d’un autre temps dont chaque plan, chaque prise de vue semblent opérer une mise à mort.

   Et ses élèves, que recherchent-ils ? La pratique de la langue anglaise ?  Le dévouement à une culture ? C’est autre chose que ces jeunes gens privilégient. C’est une chanteuse de cabaret dont ils se passent et se repassent la photo, Lola-Lola, une jeune chanteuse aux bretelles noires enserrant un tonneau de bière, une jeune femme triste, comme étrangère au cabaret, à son ambiance, et dont chaque soir, pendant des heures, ils fréquentent tristement la loge, un cabaret miteux pour marins.

    Or dans l’histoire, qui va payer ? Les étudiants ? Le professeur ! Désireux de les prendre au piège, il rend visite à la chanteuse, il en devient très amoureux, ils se marient, puis renvoyé de son lycée, à seule fin de payer les traites, il devient clown. Un sombre clown, un sombre lieu, sinistre et morne, vulgaire et triste où tout paraît se dégrader. Les jeunes chanteuses désabusées ; la face d’un clown qui toise tout le monde d’un regard mort ; les ruelles vides qui y conduisent ; même la sirène d’un paquebot.  

    Or Lola-Lola la chanteuse, celle qui proclame n’être qu’amour, (« Ich bin von Kopf bis Fuß auf Liebe eingestellt » (« Je suis attachée à l’amour de la tête aux pieds ») et (« Tomber à nouveau amoureux, on ne peut pas s’en empêcher ») n’est-il pas normal qu’elle le quitte (sans d’ailleurs le quitter) pour se jeter au bras d’un homme aussi sinistre que notre prof ? Oh ! ce cri du coq douloureux qui racle la gorge du professeur, un cri atroce, un raclement intraduisible, quand le meneur de jeu du spectacle, Kiepert le magicien, l’incite soudain à le pousser parce que des œufs sortent de sa tête ! Un long cri rauque, désespéré ! Le cri d’un monde qui se détruit et se disloque. Étrangle-il alors sa femme quand découvrant au même moment qu’elle fait l’amour avec un autre, la face défaite, il se jette brusquement sur elle ? On le maîtrise, on le ceinture, mais la farce sinistre se poursuit. Car c’est en clown, tout titubant, qu’il quitte bientôt le cabaret sous les huées (lui l’ancien prof du Gymnasium), un univers grotesque, étouffant, pour se retrouver dans sa rue, puis dans la classe où il enseignait, et où on le retrouvera agrippé à son bureau de professeur.

    Vous devinez : un vieux monde dûment rejeté. Le refus d’un enseignement jugé caduc. Un monde de jeunes, d’adolescents privilégiant la force aveugle, une fausse et triste virilité. Un monde en fait très anguleux, lourd de présages, que l’on ressent comme oppressant, presque sinistre, et conduisant à la folie et à la mort. Le profil des crimes à venir !

    De cette même veine tout angoissante, de cette sourde résidence occulte, rappelons-nous M le maudit, film de Fritz Lang. (1931)

Un fou en ville. Un fou joué par Peter Lorre. Un assassin de petites filles, une société semble nous dire le cinéaste qui multiplie les criminels, qui les engendre.

    La police enquête vainement. C’est donc la pègre et les voleurs qui dérangés dans leurs élans par la police vont se lancer à sa recherche, le découvrir et le juger lors d’un procès où sordide et bouffon s’imposent. Ça veut dire quoi ?  Mais simplement que la Justice devient le fait des chiffonniers et de la pègre : prostituées, tricheurs, voleurs… Que les valeurs sont inversées, tout en étant complémentaires. Que les deux mondes, celui d’en haut – celui des classes dirigeantes – celui d’en bas, le monde des forces souterraines, expriment deux vues : celle des truands pour qui chaque meurtre doit être puni et même puni sévèrement : la peine de mort ! Celle des notables plus conciliante, où la souffrance de la victime si grande soit-elle, doit s’effacer devant l’épreuve du meurtrier, devant du moins ses motivations), un « psychopathe », comme il est dit, victime du mal qui le nourrit, une lourde et sombre malédiction.

    Tout le fascisme est déjà là.

    Or suspend-il sa progression lorsque la guerre est achevée ? Que la reddition allemande est signée ? Celle du Japon ?  Disparaît-il ? Il faut comprendre que le fascisme dont nous parlons n’arrête pas sa progression. On a des guerres et des conflits, de courts instants le crime s’arrête, mais à nouveau ce fascisme-là reprend sa marche. Les estrades plient sous ses grimaces.

    Elle aime Hitler cette société, elle lui fait fête quoiqu’elle prétende. Elle le promeut, elle lui assure la certitude que le passé sous toutes ses formes est une ferraille inexploitable, un socle pourri ; qu’il faut un peuple, un peuple unique, un peuple soudé autour d’un chef, un peuple mondial ; frontières, États, individus croyant penser, croyant être libres, étant déchets ; déchets stériles qu’il faut jeter à la poubelle. Force invincible d’un « penser jeune » livré aux dogmes irrationnels du monde moderne, au progressisme invétéré de ses « élites », à leurs pulsions irrépressibles liées au gain et au profit.

    Musil est là pour le prouver avec son « homme sans qualités, » sa Cacanie, immense empire couvrant l’Europe du cri des vides, des mixités qui règlent tout apparemment, mais qui en fait, incarnées par le métissage, un vivre-ensemble sur fond d’enjeux grandiloquents, de prétendus élans sociaux, n’amènent que des catastrophes !

    Qu’on relise aussi Hermann Broch : « Le Tentateur. » Qu’on se promène de page en page dans cette force du communisme ou du fascisme à susciter une soif intense de communion, un besoin sourd, incontrôlable de mystifier des marionnettes, des fanatiques désembrayés prônant la haine sur leur chemin : celle de l’histoire, celle des beaux-arts, celle des sciences. La haine profonde d’une société qu’il faut détruire ! Haine et dégoût des connaissances ; d’un passé dit réactionnaire. Idéologies brutales d’ambitieux, frénésie d’hystériques cooptant l’envoûtement, le sacrilège, le démonique, la certitude surnaturelle d’être l’avenir !

    Dans la chronique « Le parchemin du ciel », un récit que j’ai consacré à Hitler sous la forme d’un acte pictural, qu’est-ce qui s’achève réellement avec la mort d’Adolf Hitler ? Racisme, fascisme ? Haine des juifs ? Rien ne s’achève. Tout continue. Je ne suis pas le seul à l’exprimer.

    Une fin de cycle a commencé depuis longtemps. Elle se poursuit. Multipliant les crises et désordres, accentuant les différences, les promouvant à tout niveau au nom du règne du moderne, au nom d’une science incontournable, d’un progrès technique implacable, d’une injustice universelle et continue devant être fatalement supprimée, elle détruit la culture antique, elle efface tout esprit critique, elle neutralise le libre-arbitre pour mieux contrôler les êtres. Seuls des traités économiques fixent la route maîtrisés par des juges obscurs, dans « le sens voulu par l’histoire » !

    Une fin de cycle nommée wokisme ! Nommée également fascisme !

    Les officines publiques ou privées, mondiales ou européennes, font partie de son extension. Comme leurs sbires auto-proclamés, ces prétendus « amis de l’homme » qui structurent et déclament les lois au nom de la liberté, au nom de l’égalité, éreintant toute contestation, muselant toute opposition. Des icônes sûres d’un mondialisme déboussolé, d’un déploiement bureaucratique européen, d’un modernisme anglo-saxon parfois afro-américain.

    Elles promeuvent dit-on l’entreprise. Quelle entreprise ?

    Une entreprise domestiquée obéissant à leurs besoins, moins sanguinaire que celle d’Hitler, mais souvent aussi répressive ! Un cycle brutal, cynique, féroce, étendant âprement son aire – une aire voulue sans angles morts, sûre d’elle-même, de ses valeurs, de ses croyances – l’intransigeance d’une voix unique nous enserrant avec les forces démesurées que la fin d’un cycle lui apporte.

    J’ai dit un cycle. Oui, c’est certain. Car s’il faut expliquer ces crises, ce déploiement d’intransigeance et de passions qui du sommet de chaque Etat à toutes les marches des sociétés irrigue les êtres d’un fanatisme intolérant (surtout les êtres des commissions, les commissaires…) d’un sectarisme discriminant et continu, c’est bien de cycle qu’il faut parler.

    Éructations. Simples marchés faisant la loi… Vieilles singeries hurlant la haine, commissions troubles sûres de leur fait faisant de l’homme qui réfléchit, de l’homme libre qui veut penser, l’ennemi de la société.

    C’est l’âge de fer des Anciens Grecs. Le Krita-yuga des Hindous.

    « Alors s’effacent la pudeur, la vérité et la bonne foi ; se montrent les ruses, les tromperies, toute la violence et la passion d’une possession toute égoïste. Au nom du ciel, on viole la terre, on viole les mers, on détruit moissons et forêts. Le père s’éloigne de son fils, le fils du père ; l’hôte agressif s’éloigne de l’hôte, le frère du frère… »

    « Cet âge sombre sera couteau, et ses rois seront des bouchers. »

    « Plus de justice, mais un semblant jeté aux peuples pour qu’ils se taisent !»

    « Période de mort, de cataclysmes, les tyrans prendront le pouvoir, les psychopathes, les officines des ténèbres. »

    « Matérialisme et égoïsme domineront ! »

    « Cet âge verra des guerres multiples, de longues guerres dévastatrices, une exploitation forcenée des ressources. » 

    Et pour être clair j’ajouterai :

    Ce dernier cycle qui nous occupe et que j’appelle « Un règne fasciste », doutez-vous encore qu’il le soit ?

    Regardez ce qu’il nous promet :

    Le pouvoir d’une pensée unique. D’un pouvoir supra-national, sans accoudoirs démocratiques, désireux d’imposer au monde, à marche forcée pourrait-on dire, des vérités incontrôlées, incontrôlables ; un nouveau monde, « un nouvel âge quittant des siècles d’obscurité et d’ignorance ».

    Écoutez parler ses leaders sous quelqu’aspect qu’ils se présentent. Soucieux d’un Reich, un Reich unique couvrant la terre de leurs désirs, d’un monde qu’ils veulent nous imposer, sans opposition ni débats. Ils sont lumière et vérité, ils sont la porte et le chemin de l’avenir.

(Pour ce qui en est d’ailleurs de l’Europe, rappelons-nous ce que disait Henri Spaak, l’un de ses fondateurs, sous la forme bien-sûr d’une boutade : « Le père de l’Europe ? Ce n’est en réalité ni Jean Monnet, ni Robert Schuman, c’est Staline ! »)

    Dégageons ensemble quelques points :

    Par exemple, les langues nationales.

    Qu’elles disparaissent, discriminantes et trop genrées.

   Il ne faudra qu’une seule langue, et surtout pas vernaculaire. Égalitaire, sans masculin ni féminin, sans adjectifs ségrégatifs. Surtout une langue pas compliquée, véhiculaire, sans jeux de mots trop disruptifs, sans vieille grammaire entortillée et élitiste, pour que les œufs retrouvent leurs poules sans les chercher.

    Le sexe, le genre.

   Jusque-là, un homme était homme et une femme était femme, dès la naissance. C’est terminé. Il sera mâle s’il le désire, ou le contraire, mais il sera aussi femelle, il sera mâle, et même oiseau si l’on y tient, ou sanglier. L’être choisira dès dix huit mois ce qu’il veut être, ou à seize ans, ou à cinquante. Un Malien pourra se dire blanc, une vieille femme blanche de soixante ans ? Une Congolaise de vingt deux ans !

    Culture, savoir.

    Les antiques connaissances apprises ? Les sciences, les arts ?  Les grands ouvrages du monde grec ? Ils n’ont été qu’un privilège donné aux Blancs pour obliger les hommes noirs et les femmes noires, et les Indiens, les Roms, les gays, à n’être rien d’autre que des esclaves. Qui a souhaité les éduquer ?

    Les buts sont donc de déconstruire, de massacrer des idéaux si partisans, si réducteurs. Les traces perverses sur la nature, sur le climat viennent de ces œuvres.

     Les religions 

     Le Christianisme ? Que l’Europe oublie ses racines ! Que l’Occident chrétien disparaisse, paternaliste, colonialiste et criminel. Le sionisme ? Un simple lobby. Une volonté génocidaire d’ancrer les hommes et les nations dans l’enceinte de ses intérêts. Exception est faite à l’islam. L’Islam superbe et conquérant ! Il est peut-être notre avenir !

    Star woke nos anges, volez vers nous ! Prenez conscience de l’occident, paternaliste et ravageur, source de vice et de racisme. Et sachez-le sans l’oublier : si vous êtes contre ces décisions, c’est simplement, on vous le dit, que vous êtes un raciste obscur, un simple fasciste qu’il faut abattre, un descendant d’Heydrich ou d’Himmler.

    Et je rajoute, frôlant ces êtres immaculés qui viennent vers nous des quatre coins de la planète :

    « Toute vérité est un mensonge s’ils le proclament, tout mensonge est une vérité. Un chef d’Etat, un député, un citoyen sont partisans du bon système s’ils reconnaissent le bien-fondé des modes de vie qu’il faut admettre, s’ils stigmatisent en même temps leurs adversaires, « leurs ennemis » en les taxant de complotistes, d’obscurantistes, de purs fascistes réactionnaires.

    Il faut comprendre ce qu’ils proclament. La liste est longue. Par exemple, en démocratie. Sont-ils capables, ces pauvres gens, de bien voter ? De voter juste ? Les élections ont-elles un sens ? Au sein d’un monde moins humaniste et plus technique, savent-ils ce qu’il faut savoir pour avancer vers le futur ?  

    Le mot d’ordre est déconstruction.

    Déconstruction est un mot d’ordre impératif. Frontières, nations, gouvernements démocratiques, entreprises et petites structures, terres agricoles sans rendement astronomique (oui aux fermes aux milliers de vaches, aux millions de poulets ; non aux parcelles étroites encerclant quelques vaches, quelques bœufs aux bouses vénéneuses s’attaquant à la couche d’ozone), industries nationales jugées trop polluantes, vieilles pratiques de consommation, réalités biologiques ancien format, conscience même, doivent disparaître. L’humain lui-même ! L’homme en tant qu’homme, un prédateur ! Un pourvoyeur de l’oppression et de l’emprise ! Il faut du flou, il faut du mou !

     Publicités, revues de presse vont dans ce sens.

    L’humanité doit être guidée. Ne dites jamais que les grands groupes capitalistes, industriels, pharmaceutiques, que les start-up et entreprises du monde du Web veulent déclencher des guerres mondiales, des guerres locales, vous pensez faux, vous pensez mal, vos mensonges doivent être censurés. (C’est pourtant ce qu’ils désirent faire et font déjà pour l’unité de leurs croyances, pour l’éclat de leurs dividendes.) Ne dites pas non plus que ces woke, ces femmes niant le féminisme, ces nihilistes de l’art antique et de l’intime, sont rejetés par les grands groupes, c’est le contraire. Ils participent du même combat.

    Oui, l’ombre du mal, du démoniaque répand partout son fiel cynique et destructeur. Un cycle s’achève avec fracas. Un cycle fasciste. Épidémies, conflits violents, le vivre-ensemble, révoltes, détresses, soulèvements, tout est réglé, ou le sera, de puissants groupes mondialisés marchent dans nos âmes pour les guider. Et non seulement de puissants groupes, mais des partis organisés, des commissions, des ONG, des grands médias, des députés et des lobbies assassinant l’agriculture et l’industrie, assassinant la connaissance, voulant dicter aux scientifiques la voie à suivre ; une l’ombre épaisse de psychopathes couvrant le cri et la souffrance des « inférieurs » – la multitude – soi-disant pour les secourir.

    Permettez-moi à ce sujet de mettre en scène mon aventure.

    En septembre 2021, il y aura donc bientôt trois ans, revenant d’un séjour d’un mois en Auvergne, je reçus un mardi matin la troisième dose du vaccin Pfizer, comme le gouvernement français l’imposait.

    La vaccination eut lieu à la mairie du 6ème arrondissement.

    Le lendemain, à 19 heures, j’étais victime d’un AVC. Un AVC hémorragique.

    Transporté aux urgences de la Salpêtrière où je restai huit jours, je fus conduit ensuite à Rothschild, rue Santerre, où l’on me garda six mois. Les médecins en étaient sûrs. Cet AVC hémorragique, cet AVC sur côté droit de mon cerveau était dû à l’hypertension. Une « hypertension chronique », à n’en pas douter !  Or je n’avais jamais fait d’hypertension et les examens cardiaques annuels que j’avais subis une semaine auparavant à l’Institut Vernes le confirmaient amplement. Mais à entendre les bavardages gouvernementaux relayés par une presse écrite et audiovisuelle entièrement aux ordres, il ne fallait surtout pas parler de « réactions secondaires. » Ou alors d’un rhume de deux jours. Ou de démangeaisons !

    Je sus plus tard par d’autres médecins, neurologues, acupunctrices, ou par de nombreux chauffeurs de taxis qui en avaient eux-mêmes transportées, que beaucoup de personnes s’étaient trouvées dans mon cas. Avec un AVC comme moi pour les uns, une embolie pulmonaire ou une crise cardiaque pour les autres, et pour beaucoup de femmes, de graves et persistants troubles menstruels. Je dis bien : beaucoup de personnes. Mais ces médecins et neurologues qui y croyaient étaient d’accord. Il ne fallait rien dire, en aucun cas le déclarer, sous peine d’être rayé de l’Ordre, ce qui arriva d’ailleurs à certains.

    Que fallait-il penser ? Eh bien, simplement ceci : « Sans Pfizer, Moderna, nous aurions eu des millions de morts ! La moitié de l’humanité ! La bonne Europe nous a sauvés ! Les industries pharmaceutiques nous ont tirés de l’enfer ! »

    Quant aux questions : « D’où vient le Covid ? Quelles ont été les réactions secondaires enregistrées ? Quels ont été les véritables résultats des tests des laboratoires ? Combien de débats contradictoires ont eu lieu ? » Nulle réponse !

    Comme jadis, se poser ces questions est même interprété comme un toxique errement de complotiste vénéneux, de malsain et de fourbe conspirationniste !

    Eh bien, aujourd’hui j’en suis certain : j’ai été victime de ces gens ! J’ai été victime d’un comportement étatiste fasciste. Aujourd’hui, en 2024, si je demeure hémiplégique, c’est parce que des fascistes consciencieusement déguisés en démocrates se sont emparés du pouvoir et ont arbitrairement imposé ce vaccin. Des gens faibles par ailleurs, c’est sûr ! Sourds et laxistes pour ce qui touche au régalien. Faisant du territoire-nation un ghetto, un « cancel » génevois, un espace méprisé sans valeur où tout peut s’altérer : justice, santé, économie, sécurité, autorité, enseignement…

    Faibles, faibles, c’est sûr… mais intraitables dans leur essence ! Alignés en tout sur Brussels. « Brussels, Brussels et ses diktats… » Une commission opaque souveraine qui décide seule de ce qui est et qui sera. Une courroie des États-Unis destinée à brider les peuples, à effacer toutes les nations, incarnée par des « libéraux » !

    Rappelez-vous !

    N’ayant accepté aucun débat contradictoire ou critique, ayant fermement combattu toutes les voix autorisées ou non qui en soulignaient les dangers, ayant quasiment éliminé les opposants ou les réfractaires, ils décrétèrent ce qu’il convenait : une vaccination obligatoire pour chacun, un enfermement obligatoire pour tous. Mais furent-ils seuls ? Beaucoup de gens pensaient comme eux, les soutenaient.

    A pourrir l’Allemagne et le monde, Hitler non plus ne fut pas seul. Des millions de gens le suivirent, sûrs qu’il avait raison…

    Poursuivons notre article.

    La fin d’un cycle, répétons-nous ? D’une société civilisée ? Le déclin programmé d’un monde ?

  Eux, ces « ministres » qui connaissent tout proclament :« Non ! Ce n’est pas du tout une fin ! C’est la naissance d’un monde meilleur ! La mêlée de peuples différents, de sociétés éclaboussées par l’injustice, par le désordre, et qui se dressent en justiciers pour renverser un ordre pervers ; une jeune Babel labélisée par nos devins et nos comparses prouvant que paix, justice sociale, coexistence d’êtres disparates et béotiens peuvent prendre du sens et de l’étoffe ! »

    Des mouvements démographiques et persistants qui sous la chape d’idéologues, de citoyens et d’officines de toutes mouvances et de toutes formes de croyances vagues ou précises mais menaçantes, apporteront un monde meilleur.

    Que donnera cette fin d’un cycle ? Qui peut le dire ? Tant de chemins paraissent s’ouvrir.

    Les chemins d’abord de la science.

    Vers quelle hauteur vont-ils grimper ? Nous entraîner ?

Sans entrer dans les rêves obscurs d’une théorie ultime et féconde digérant toutes les galaxies, les sciences modernes dont la physique instaurent tellement de découvertes, tissent chaque jour tant d’hypothèses et de projets, qu’il ne serait pas étonnant qu’un jour (dans trente ans ou au cours du siècle) les hommes essaiment vers les étoiles, au sein même d’univers multiples – les multivers énigmatiques, visibles ou invisibles, objet des recherches de pointe. Un océan d’irrationnel et d’émergences indéfinies non encore exploitées dont chaque vague est un abîme.

    Les chemins de l’esprit.

    Dieu, la métaphysique, les splendeurs du passé, les grandes oeuvres musicales, picturales décriées aujourd’hui, toutes ces lourdes mises à mort des valeurs chrétiennes et gréco-romaines, toutes ces dislocations opérées chaque jour à grands cris par les brillants caciques du soleil des sous-sols, vont-elles disparaître du monde ?  Vont-elles renaître sous d’autres formes ?

    De grandes révoltes universelles vont-elles surgir et repousser les forces vives du chaos ?

    Ces mouvements de destruction vont-ils s’éteindre comme feu de paille ? S’en suivra-t-il une timarchie, le régime qui d’après Platon succède à une tyrannie ?

  L’inconnu

    Est-ce que des formes venues d’ailleurs, des êtres ou mondes que l’on ignore et désireux de nous former à d’autres vues, à d’autres rêves, ne changeront pas le cours des choses ? Est-ce que les mers ou les montagnes, les paysages de notre enfance, le ciel, la nuit, même nos pensées ou les nuages ne viendront pas à notre rencontre, auréolés d’autres visions ? D’autres pouvoirs ?

   L’Apocalypse.

    Pour les prophètes et les voyants de tous pays depuis des siècles, l’issue paraît inévitable. Gog et Magog sont de retour. La Bête est là qui se dit Dieu, ayant pouvoir sur tous les hommes.  C’est l’approche de la nuit biblique, c’est Dâbbah la bête coranique douée de la parole, Kali le diable de l’âge noir, aucun des signes ne manque à l’appel. Je parle ici d’anciennes visions, non de constats superficiels, stimulés par l’actualité.

    Je nous laisse libres d’une conclusion.